C’est une question que nous devons tous nous poser. Pour ceux et celles qui ont élu ce gouvernement, la question qui se pose en est une de jugement. Si bien sûr, les liens d’amitié ou d'allégeance politique aveuglante ont dicté votre main sur le bulletin de vote, alors vous devez vous questionner. Sachant que vous alliez avoir un retour d’ascenseur, une gratification, un passe-droit ou une promotion, vous n’avez pas réfléchi trop longtemps. Pour les autres qui ont choisi par conviction politique, vous avez à nouveau fait fi de tous les avertissements venant de vos adversaires politiques. Comment pouvez-vous parler à vos enfants en leur expliquant ce que c’est que l’intégrité, le sens des valeurs, l’importance de la démocratie et le respect de sa personne? Plus les jours passent, plus la masse est lourde dans les mains du forgeron qui devait nous faire un portail magnifique devant la nouvelle demeure.
La population s’est fait tromper, elle est maintenant entre les mains d’un despote qui accumule les tromperies, les fourberies, les écarts de conduite et qui malgré tout nie sa responsabilité. L’autruche a beau avoir la tête dans le sable, il y a tout de même 95 % de son corps qui est toujours visible. À chaque fois que les ministres font une annonce quelconque, ils parlent de la famille libérale, d’une famille unie qui aide ses amis. Un clan manifestement soudé à la valeur libérale qui ne laisse aucune place aux dissidents. Vous les rouges, convaincus du savoir suprême, vous les amis que j’ai perdus parce que je n’endossais pas les valeurs familiales, êtes-vous plus heureux aujourd’hui? Avez-vous encore le courage de vous rencontrer et partager votre vie de famille? Échangez-vous vos albums de photos?
Chaque jour, le sable s’accumule dans l’engrenage, la carrosserie se rouille sous l’effet abrasif des révélations qui égratigne la rutilante peinture du pouvoir. Votre regard deviendra de plus en plus fuyant, car complice des malversations, vous souhaiterez n’avoir jamais participé à la réunion. Vous en viendrez même à nier votre implication expliquant que vous ne saviez pas. Je vous pardonne, mais la population n’a pas ma sensibilité, elle vous fera regretter votre manque de courage et surtout votre négation complète sur les actes posés. Vous serez jugé et condamné sans possibilité de libération, et comme ce texte vous interpellera, vous ne pourrez plus vous soustraire au jugement de vos enfants qui devront vivre avec le souvenir d’un père qui les a trahis.
Claude Roy